La vie est faite de surprises… de coïncidences ou de synchronicité suivant les convictions de chacun. Toujours est-il qu’il y a plusieurs semaines, voir plusieurs mois, j’évoquais avec une collègue une alternative à l’orthodontie. J’ai eu connaissance de cette méthode car des proches sont en cours de traitement. Je n’en savais malheureusement pas grand chose faute d’en avoir vraiment parlé avec eux: pas de bagues sur les dents (exit le “chemin de fer”), pas d’instrument de torture, pas d’arrachage de dents. Alors, quels sont les outils de cette méthode ? Je sais seulement que l’un d’eux est appelé “activateur”. Il s’agit d’une gouttière en plastique (caoutchouc ?) que la personne traitée doit “mâcher”. Cette action permet de replacer les dents.

Bref, j’ai reçu il y a quelques jours un courriel de la collègue en question me disant qu’elle a un livre à me prêter. Vous l’aurez deviné, il s’agit du sujet du jour…

Dans son ouvrage Nos dents, une porte vers la santé paru aux éditions Le Souffle d’Or en 2007 (10 ans déjà !), Michel Montaud détaille ce qui se cache derrière la dentosophie.

Un résumé

L’auteur partage dans un premier temps les questions et événements qui l’ont mené à cette thérapie ainsi que l’état d’esprit dans lequel il était alors. Chirurgien-dentiste de formation, il introduit les concepts de cette méthode en faisant un parallèle avec les habitudes de la médecine conventionnelle.

A travers différentes questions et notions (“Qu’est-ce que guérir ?”, “équilibre buccale”, une maladie a un sens – un signification, les traces de l’histoire de chacun sur son propre corps…), Michel Montaud nous emmène avec lui à la découverte du fonctionnement et des effets de cette méthode de traitement.

Le deuxième chapitre est consacré aux liens entre la bouche et le corps. Il est communément admis que nos expériences façonnent notre façon d’être (“Chat échaudé craint l’eau froide”…). L’auteur affirme, puis montre, que l’un et l’autre peuvent également laisser des traces sur notre corps. Ce chapitre débute par une exploration du lien existant entre les fonctions vitales que sont la respiration, la déglutition, la phonation et la mastication et les malformations buccales. Ainsi est introduite la notion de compensation du corps qui n’est autre, d’après moi, que la mise en œuvre de sa capacité d’adaptation. Seulement, celle-ci peut avoir des conséquences dont l’ampleur m’était jusqu’à alors insoupçonnée !
Par exemple, Michel Montaud décrit le cas d’une personne qui mastiquerait toute sa vie du même côté, disons à gauche. Cette personne aurait alors sa mandibule déviée vers la gauche et son maxillaire vers la droite. Ces déviations entraînent des tensions crâniennes et une augmentation des tensions musculaires de la moitié gauche de la tête. En résulte une inclinaison de la tête sur la gauche, et cela ne s’arrête pas là ! Cette inclinaison entraîne un déséquilibre que le corps va compenser en redressant la tête, ce qui va se faire en abaissant l’épaule droite pour atténuer la souffrance musculaire induite, puis le bassin va basculer pour rester parallèle aux épaules. Cette posture, qui peut être gardée toute une vie, aura forcément des conséquences sur la personne: maux de tête (tensions musculaire), maux de dos (compensation du corps avec les épaules et le bassin), scoliose… et que penser de l’impact sur les jambes et les pieds ? (question personnelle…)
L’auteur présente ensuite le concept de “bouche équilibrée”, avant d’introduire les travaux de Pedro Planas sur l’Angle Fonctionnel de Mastication (A.F.M.P.) puis la thérapie “Marcher – Parler – Penser” élaborée par Béatriz Padovan. Ces travaux ont été source d’éclairages dans la démarche de l’auteur.

Nous cheminons ainsi vers le troisième chapitre proposant d’observer les possibles liens entre la bouche, le corps physique et le psychisme. Dans cette partie, l’auteur fait le lien entre les émotions des individus, leurs états d’être et les désordres dentaires qu’il observe, ainsi que leurs conséquences. L’activateur, en agissant sur la position des dents et des maxillaires, en permettant la rééducation des fonctions vitales (respiration, déglutition…), a une influence sur les maux et les émotions des personnes traitées. La boucle est bouclée: les émotions influences le corps de manière plus ou moins visible et durable selon leur force et leur fréquence, et, en travaillant sur le corps, il est possible de guérir de ces maux, de libérer ces émotions.
Etant donné le travail émotionnel induit, le “dentosophe” doit avoir un rôle d’accompagnement auprès de son patient.

Le chapitre suivant aborde les éléments du diagnostic. Cette présentation succincte est amplement suffisante pour le commun des gens qui, comme moi, ne sont ni dentiste ni orthodontiste.

La suite de l’ouvrage mène vers une vision plus large des possibilités de la dentosophie et donne une dimension supérieure au parallélisme fait entre les malformations buccales d’une personne et ce qu’elle vit: ses émotions, son environnement, les sociétés humaines…

Ce que j’en ai pensé

La lecture de ce livre m’a enthousiasmé. Il montre que nous pouvons aborder autrement les malformations classiquement traitées par l’orthodontie (avec son cortège de désagrément qui réduit le potentiel engouement du patient). Cette méthode thérapie a l’immense avantage de traiter l’être humain dans sa globalité, sans torture physique, et en ne faisant pas que du cosmétique, ni du passage en force. Elle laisse l’être libre d’évoluer et l’implique dans ce travail pour son plus grand bénéfice et pour celui de son entourage.

J’en ai rapidement parlé à mon dentiste en l’encourageant à regarder cela avec attention. Je souhaite qu’il se lance dans cette aventure pour moi, pour lui, pour les autres. S’il ne le fait pas, je chercherai un dentiste près de chez moi qui pratique cette thérapie et j’irais le voir pour en bénéficier.

Revenons au livre. Avant de le commencer, j’ai pensé qu’il ne serait pas très facile à lire et qu’il me faudrait au moins une semaine pour y parvenir. Il se trouve que non. Malgré les activités quotidiennes et familiales de ce week-end de fête nationale, j’ai achevé la lecture de ce livre en un jour et demi. Je ne suis ni dentiste, ni médecin, ni formé à quoi que ce soit de médical. Michel Montaud nous fait revivre les grandes étapes de son cheminement vers la découverte de la dentosophie et nous la met à portée de main. Son approche est intellectuellement juste (chercher la bonne question, le vrai pourquoi – pour quoi).

Tout au long du livre, en filigrane, j’ai vu l’illustration d’un principe qui me paraît être juste: les émotions influencent, façonnent notre corps et créent des maux; en travaillant sur ces maux (pas en les soignant…), il nous est possible de traiter définitivement les causes profondes.
La dentosophie, en plaçant le dentiste dans le rôle d’un thérapeute ou, au moins, d’un accompagnant, a cette action. Il ne s’agit alors plus seulement d’une action mécanique (mâcher l’activateur) pour soigner mais aussi d’un travail auquel le patient, acteur principal, adhère pour se changer, pour évoluer. La conséquence de ce travail est la résorption de ces maux sous l’oeil attentif du spécialiste.

Cette démarche, dans le troisième chapitre en particulier, m’a rappelé le livre La maladie cherche à me guérir du Docteur Philippe Dransart. Si vous ne le connaissez pas et que ce genre de liens vous parle, cela vaut le coup d’oeil. Personnellement, je l’utilise comme “pistes” de réflexion. Si ce que je lis ne m’évoque rien, je passe mon chemin. Si une association d’idée surgit, je suis le fil…

Merci à Michel Montaud pour cet ouvrage, ainsi qu’aux personnes qui l’ont amené jusqu’à moi.

Pour aller plus loin… ?

La dentosophie permet un travail similaire à celui fait par l’osthéopathe. L’un le fait à partir des dents, l’autre à partir du squelette et des organes. Il serait intéressant, selon moi, de se poser la question suivante (qui n’a pas sa place dans cet ouvrage): est-ce que l’ostéopathe peut guérir durablement un mal déjà fixé dans la bouche ? Tel que je le vois, le chemin emprunté est le suivant: émotion, corps (organes, muscles, squelette), puis dents. Du plus volatile, réactif, au plus stable, figé. Ainsi, en intervenant au milieu, est-il possible de traiter ce qui est déjà dans le plus dur (les dents) et le plus intime (car elles se voient moins facilement que la structure osseuse) ?

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